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Les déformations crâniennes chez le nourrisson

Mise à jour: 15 juin 2022

Avant propos :

    La littérature scientifique recense deux groupes de déformations crâniennes : les déformations crâniennes positionnelles et les déformations crâniennes malformatives (1 sur 2000 naissances) (1).

    Ici, nous parlerons exclusivement des déformations crâniennes positionnelles, mais nous verrons à quel moment suspecter une déformation crânienne malformative et pourquoi il est important d’y être attentif (voir encadré en bas de page).

Les déformations crâniennes positionnelles :

On distingue deux types de déformations crâniennes positionnelles : la plagiocéphalie et la brachycéphalie.

    Afin de les distinguer, il convient de regarder les contours du crâne, vu du dessus :
    – la plagiocéphalie sera décrite par l’aplatissement d’un côté de l’arrière du crâne. Si cet aplatissement est associé à l’avancement du front et de l’oreille du même
côté, on parle de plagiocéphalie fronto-occipitale. En l’absence de cette association, on parle de plagiocéphalie occipitale;
    – si tout l’arrière du crâne est aplati et symétrique, on parle alors de brachycéphalie postérieure (figure
1) (2).

Chacune de ces déformations peut être évaluée suivant un degré de sévérité allant de « normal » à « sévère ».

Combien d’enfants sont touchés par ces déformations crâniennes positionnelles ?

On estime qu’à deux mois de vie, un enfant sur trois présente une déformation crânienne positionnelle (3 à 6).

Comment apparaissent ces déformations ?

    Il existe deux types de causes à ces déformations : les causes primaires (dues à des contraintes in-utero et/ou lors de l’accouchement) et les causes secondaires (acquises après la naissance).

Nota Bene : bien que la grossesse gémellaire soit une cause primaire de déformation crânienne positionnelle, cela ne veut pas dire que tous les jumeaux ont une déformation crânienne. Ces « causes » sont donc davantage des facteurs de risque (qui augmentent le risque lorsqu’ils s’additionnent), que des causes strictes.

    Ainsi, afin de déterminer si un nourrisson est à risque de développer une déformation crânienne positionnelle, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de rechercher les facteurs de risques suivants :

·         Facteurs périnataux :

– l’oligoamnios (trop peu de liquide amniotique) ;

– l’alitement prolongé de la mère pour cause de grossesse pathologique ;

– la grossesse multiple (jumeaux, triplés) ;

– la primiparité (premier accouchement) ;

– la présentation transverse ou en siège ;

– l’extraction par voie instrumentale (ventouse, forceps, etc.) ;

·         Facteurs liés à la mobilité spontanée du nourrisson :

– les torticolis musculaires et posturaux ;

– la rotation de tête d’un côté préférentiel ;

– le réflexe tonique asymétrique du cou (escrimeur) ;

– les troubles du tonus axial (hypotonie / hypertonie) ou les postures asymétriques ;

– les déficits sensoriels ;

– la prématurité ;

– les syndromes malfomatifs ;

– les troubles du neurodéveloppement ;

·         Facteurs environnementaux :

– le déficit d’interaction entre le nourrisson et les adultes qui s’en occupent (parents et entourage) ;

– l’éveil sensoriel inadapté à l’enfant (par exemple : une fixation visuelle ou auditive permanente sur un mobile, une source sonore, etc.) ;

– la contention physique avec contraintes externes : siège-coque, cale-tête, cale-bébé, coussin anti-tête plate, cocoon, coussin de positionnement, matelas à mémoire de forme, réducteur de lit, transat, balancelle, hamac, etc. (2)

Comment évoluent ces déformations crâniennes positionnelles ?

    Rassurons-nous, dans la majorité des cas, ces déformations crâniennes s’améliorent de manière naturelle (3 et 7 avec de meilleurs pronostics concernant les déformations légères et les brachycéphalies (8).

    Cependant, cette amélioration spontanée ne serait que partielle. En effet, 3 à 10 % des adolescents et jeunes adultes présentent toujours une déformation crânienne (5, 8 et 9), sans espoir d’amélioration naturelle par la suite.

    À notre connaissance, aucune étude ne permet de l’affirmer, mais nous pouvons penser que ces 3 à 10 % seraient dus à des déformations crâniennes sévères non prises en charge durant la petite enfance.

    Ainsi, en cas de déformation crânienne, un bilan précoce chez votre médecin/pédiatre ou thérapeute manuel, peut être conseillé afin d’adapter la prise en charge au degré de sévérité de la déformation.

Que fait l’ostéopathe sur ce type de déformation et quand faut-il le consulter ?

    Lors d’un bilan pédiatrique, l’ostéopathe questionnera tout d’abord les parents afin d’évaluer les différents facteurs de risques périnataux et environnementaux. Il évaluera ensuite la mobilité spontanée du nourrisson afin de vérifier la présence ou non de torticolis, rotation préférentielle, contrainte(s) due(s) à la grossesse/l’accouchement, etc.

   Une fois évalué cette mobilité et en cas de restriction(s), l’ostéopathe pourra tenter d’aider l’enfant par des mobilisations douces. Il pourra également conseiller les parents afin d’agir au quotidien sur la prévention et l’amélioration de ces déformations.

    Enfin, dans le but de surveiller l’évolution de la déformation et pour orienter l’enfant au mieux dans le parcours de soins, l’ostéopathe pourra procéder à des prises de mesures crâniométriques.

Bon à savoir : afin d’évaluer la mobilité spontanée du nourrisson, il est préférable d’attendre l’acquisition du suivi du regard, soit à partir de 3-4 semaines de vie.

Quels peuvent être les conseils donnés aux parents ?

« Sans espoir d’amélioration naturelle par la suite », jusqu’à quand peut-on alors espérer améliorer ce type de déformation ?

    Tout thérapeute manuel formé peut espérer aider au traitement d’une déformation crânienne jusqu’à 5-6 mois de vie. Passé ce délai, il convient de discuter conjointement avec les parents et le médecin traitant de l’éventuel intérêt d’une prise en charge spécialisée dans un centre Tête et Cou. Ce centre pourra alors indiquer ou non le port d’une orthèse crânienne (cf. photo de présentation).

Le saviez-vous ?

    Depuis les années 90, on note une augmentation du nombre de déformation crânienne positionnelle. Ceci serait lié à la mise en place de la campagne « back to sleep » recommandant le couchage des nourrissons sur le dos. Cependant, bien que cette position de couchage semble favoriser ces déformations, rappelons que cette campagne de prévention a surtout permis de réduire le risque de mort subite du nourrisson de 76%.

    De ce fait, nous ne pouvons que suivre cette recommandation et rappelons de « coucher systématiquement le nourrisson sur le dos, sur un matelas ferme, dans un lit à barreaux, installé dans une turbulette adaptée, sans oreiller ni couette ni couverture, avec une température ambiante modérée (18-20°) ; idéalement dans la chambre des parents les 6 premiers mois de vie ; sans partage du lit parental ; sans exposition au tabac (2)».

Quand suspecter une déformation crânienne malformative ?

En présence de cette association, parlez en à votre médecin/pédiatre.